Je crois que je pourrais cocher la plupart des exemples mentionnés. Un exemple de gros malaise me revient. J'avais passé la matinée à faire un travail répétitif avec deux femmes, et ce faisant les conversations ont tourné autour de la nourriture : les nouveaux restaus en villes, les repas de familles, les recettes testées... Le travail était ennuyeux, je n'étais pas très à l'aise car plutôt impressionnées par mes interlocutrices. A la pause méridienne, nous allons dans un restau du quartier. Le temps était très mauvais, comme en ce moment de novembre. Devant le restau nous commentons la carte : le plat du jour est une poularde au riz. Mes deux compagnes commentent avec force détails la qualité des volailles, le plaisir des plats traditionnels, les vraies valeurs blablabla. Nous nous installons. Je commande le plat du jour et le dessert compris dans la formule. Et les 2 autres commandent chacune... une salade ! en chipotant sur les ingrédients. Les plats arrivent, elles trient leur assiette, mettent de côté tout ce qui doit dépasser les 20 kcal et après avoir plus ou moins avalé ce qui reste...me regardent devant mon assiette fumante. Des années encore après, je ressens encore ce sentiment de mortifications, presque de honte. J'avais devant moi une personne à haut statut social dont la simple coupe de cheveux devait valoir à peu près 2 semaines de mon salaire. Et une deuxième dont l'allure et le style me renvoyait une image de réussite et de perfection qui me semblait inatteignable. En un mot, je me sentais misérable et insignifiante, et stupide de ne rien avoir compris à leurs discours, de ne pas avoir eu l'a propos d'assumer et de leur renvoyer une blague.
@Anne-Claire merci beaucoup pour ce témoignage et désolée pour vous que cela ait suscité de la honte, c'est vous qui aviez bien raison de manger quelque chose de satisfaisant plutôt qu'elles qui étaient en pleine restriction et en complète contradiction entre les mots et les actes...
Après la lecture de Mangeuses de Lauren Malka, la newsletter de Majorie qui place l interrogation du repas dans le couple, voici une belle réflexion à mener sur notre relation aux autres (subi ou acteur) dans l'acte alimentaire! J'ai le cerveau en ébullition introspective :-) . Belle journée à vous Ariane
Cet article m’évoque le roman « dès que sa bouche fut pleine » (Juliette Oury) qui explore la question de l’intime et de l’alimentation. L’autrice propose un monde d’inversion où se nourrir est l’équivalent du sexe et vice versa. Je l’ai lu comme un roman drôle et bien pensé mais à te lire (et la dernière news de Marjorie) il a tout de même des ancrages plus profonds sur ce que la société fait peser sur l’acte de manger. Intéressant pour prolonger la réflexion 😊
@Julia bonjour, merci beaucoup pour ce retour, j'avais entendu Juliette Oury dans une très bonne émission de France Culture où elle échangeait avec Lauren Malka (dont le livre est en haut de ma plie à lire) et son livre parait très intéressant et drôle, je le lirai peut-être.. Eh oui, toit ça est compliqué... Bonne journée
Tellement intéressant comme sujet. Bravo car je crois bien que tu as brossé un tableau complet de ce qui peut arriver.
Oh merci infiniment pour ce retour chère Pascale !
Je crois que je pourrais cocher la plupart des exemples mentionnés. Un exemple de gros malaise me revient. J'avais passé la matinée à faire un travail répétitif avec deux femmes, et ce faisant les conversations ont tourné autour de la nourriture : les nouveaux restaus en villes, les repas de familles, les recettes testées... Le travail était ennuyeux, je n'étais pas très à l'aise car plutôt impressionnées par mes interlocutrices. A la pause méridienne, nous allons dans un restau du quartier. Le temps était très mauvais, comme en ce moment de novembre. Devant le restau nous commentons la carte : le plat du jour est une poularde au riz. Mes deux compagnes commentent avec force détails la qualité des volailles, le plaisir des plats traditionnels, les vraies valeurs blablabla. Nous nous installons. Je commande le plat du jour et le dessert compris dans la formule. Et les 2 autres commandent chacune... une salade ! en chipotant sur les ingrédients. Les plats arrivent, elles trient leur assiette, mettent de côté tout ce qui doit dépasser les 20 kcal et après avoir plus ou moins avalé ce qui reste...me regardent devant mon assiette fumante. Des années encore après, je ressens encore ce sentiment de mortifications, presque de honte. J'avais devant moi une personne à haut statut social dont la simple coupe de cheveux devait valoir à peu près 2 semaines de mon salaire. Et une deuxième dont l'allure et le style me renvoyait une image de réussite et de perfection qui me semblait inatteignable. En un mot, je me sentais misérable et insignifiante, et stupide de ne rien avoir compris à leurs discours, de ne pas avoir eu l'a propos d'assumer et de leur renvoyer une blague.
@Anne-Claire merci beaucoup pour ce témoignage et désolée pour vous que cela ait suscité de la honte, c'est vous qui aviez bien raison de manger quelque chose de satisfaisant plutôt qu'elles qui étaient en pleine restriction et en complète contradiction entre les mots et les actes...
Après la lecture de Mangeuses de Lauren Malka, la newsletter de Majorie qui place l interrogation du repas dans le couple, voici une belle réflexion à mener sur notre relation aux autres (subi ou acteur) dans l'acte alimentaire! J'ai le cerveau en ébullition introspective :-) . Belle journée à vous Ariane
@Aurélie un grand merci pour ce retour et bon week-end pour calmer un peu le cerveau ;-)
Cet article m’évoque le roman « dès que sa bouche fut pleine » (Juliette Oury) qui explore la question de l’intime et de l’alimentation. L’autrice propose un monde d’inversion où se nourrir est l’équivalent du sexe et vice versa. Je l’ai lu comme un roman drôle et bien pensé mais à te lire (et la dernière news de Marjorie) il a tout de même des ancrages plus profonds sur ce que la société fait peser sur l’acte de manger. Intéressant pour prolonger la réflexion 😊
@Julia bonjour, merci beaucoup pour ce retour, j'avais entendu Juliette Oury dans une très bonne émission de France Culture où elle échangeait avec Lauren Malka (dont le livre est en haut de ma plie à lire) et son livre parait très intéressant et drôle, je le lirai peut-être.. Eh oui, toit ça est compliqué... Bonne journée
l’essai de Lauren Malka me fait de l’œil aussi. Hâte de lire ton avis dessus 😊 Bonne journée à toi aussi