J’adore nager. Je nage depuis l’âge de 5-6 ans, âge auquel j’ai appris à nager dans la mer (la brasse puis le crawl), avec un maître-nageur, lors de vacances d’été à Sainte-Maxime. J’ai toujours nagé depuis, plus ou moins régulièrement, à Paris ou en vacances. A Paris, mes tentatives de nager, il y a fort longtemps, dans les micro-piscines de clubs de sport furent éphémères. Je n’avais d’autre choix que de fréquenter les piscines municipales, avec leur affluence, leurs horaires contraints, leurs aléas.
Ma relation au sport
J’adore nager. Cela fait longtemps que j’ai compris que j’aimais vraiment nager en soi et que je ne le faisais ni pour mon dos, ni pour me muscler, ni pour dépenser des calories, … Je nage pour le plaisir !
J’adore nager. Mais ce n’est pas si simple de trouver les conditions adéquates. Au fil des années, j’ai donc imaginé pouvoir m’épanouir dans d’autres sports. Etudiante et un peu au-delà, j’ai fait diverses tentatives de danse jazz, moderne, … Etait-ce le fantasme d’une ambiance à la Fame ou la croyance que je serais plus douée que pour la danse classique pratiquée enfant ?! Du NIA aussi il y a une dizaine d’années, une discipline mixte et ouverte, qui m’avait bien séduite sur le moment : j’étais même partie avec quelques-unes faire un stage en montagne, et c’est un beau souvenir. Plus récemment, au moment où je m’étais découragée face aux piscines trop souvent fermées, j’avais commencé à faire du yoga, en essayant différentes pratiques. Je faisais un cours hebdomadaire en soirée. C’était plutôt plaisant mais pas enthousiasmant. J’ai arrêté quand j’ai repris une pratique régulière de la piscine. Dernièrement, j’ai à nouveau réfléchi à l’opportunité de me lancer dans une autre activité. Je suis allée à un cours d’initiation à l’escalade ! J’ai été étonnée de ce qu’on pouvait faire dès un premier cours mais je n’ai pas eu envie de recommencer.
J’adore nager. J’avais donc été extrêmement heureuse quand j’ai appris il y a 5-6 ans qu’un club de sport haut de gamme allait ouvrir à 5 mn de chez moi, doté d’une piscine de 20 m de long. J’ai contacté le club, constaté que c’était cher, évidemment, mais compatible avec mon budget, je me suis abonnée avant même l’ouverture (ce qui m’a fait bénéficier d’un tarif préférentiel). Je n’ai pas été déçue et depuis l’ouverture (hors périodes de fermeture Covid), j’y ai nagé 6 jours sur 7, le matin à l’ouverture à 7h00, avec bonheur. J’y nageais, j’écris cela au passé, car j’ai arrêté vers fin mai 2023. Le prix proposé, en hausse très importante, ne me convenait plus et, au-delà, il me semblait que je n’étais plus vraiment en phase avec ce lieu.
J’adore nager. Comme je l’indiquais plus haut, je n’ai jamais trouvé autant de plaisir dans une autre activité. J’ai donc décidé que j’allais me donner les moyens de continuer dans cette voie. J’ai repris le chemin des piscines parisiennes mais autrement. Il ne s’agit pas de reproduire ma routine matinale : la comparaison ne serait pas avantageuse et les piscines sont très fréquentées à 7h en semaine. J’ai décidé de voir les choses de façon positive et ouverte :
expérimenter différentes piscines de la ville de Paris, voire peut-être d’autres piscines privées ou en banlieue si elles ont un attrait particulier, par exemple un bassin en plein air. Je me suis ainsi offert de nager un matin dans la belle piscine extérieure Annette K. J’ai dans l’idée de concilier un rendez-vous ou une course dans un quartier avec une visite à une piscine proche si les horaires le permettent. Je me suis équipée de l’excellent guide Paris à la nage de Colombe et Marine Schneck. Je m’inspire aussi de la sympathique et passionnante instagrameuse Nageuse parisienne qui approfondit une connaissance historique et architecturale des piscines de Paris, qu’elle décrit en détail. Et je l’ai même rencontrée pour qu’elle me raconte ses pratiques “pisciphiles”.
expérimenter différents horaires pour éviter l’affluence de l’ouverture matinale, en fonction de mon emploi du temps toujours changeant. J’ai testé la réouverture du déjeuner (à 11h30), la nocturne, les matins du week-end, l’après-midi.
Je ne sais pas encore si je persisterai dans cette voie éclectique, qui nécessite bien davantage d’espace mental qu’une routine bien installée. D’ailleurs, une autre nageuse assidue, Eliane alias Mingou mango , qui est plutôt une personne d’habitude, m’a demandé si la tranquillité mentale d’une routine n’était pas préférable !
Réfléchissant sur tout cela, je me suis dit que l’on peut aimer un sport plutôt qu’aimer le sport. Je n’ai jamais été une grande sportive même si certaines amies ont pu le penser, me voyant nager tous les matins ou presque. Je ne suis pas une grande sportive, j’aime nager ! Je me demande si on aime un sport parce qu’on l’a pratiqué très tôt, qu’on y est donc à l’aise ? Je ne crois pas car je vois beaucoup de personnes se mettre à aimer vraiment un sport/une activité physique à l’âge adulte. Et d’autres se détourner des sports de leur enfance, peut-être pas réellement choisis.
Votre relation au sport ?
Vous n’êtes vraiment pas obligée d’être une sportive dans l’âme pour pratiquer un sport. Il est toujours temps de trouver une activité qui vous plait. En mettant au clair ce qui vous a éventuellement empêchée de le faire avec constance jusqu’à présent. La relation au sport est très personnelle et souvent liée à notre histoire avec l’activité physique.
Certaines personnes ont commencé, dès l’enfance, à pratiquer de nombreux sports, souvent dans le contexte d’un ou des deux parents sportifs, qui ont incité leurs enfants (sans les forcer). Et la pratique sportive, éventuellement jusqu’en compétition, a pu développer le goût et même le besoin du sport. Ces personnes ont peut-être davantage de facilité à passer d’un sport à un autre, à adapter leur pratique à un nouveau contexte. Ce qui compte avant tout pour elles, c’est de faire du sport pour se dépenser, bouger, évacuer des tensions, … Et peut-être que leur pratique ancienne et régulière les a placées dans un état de forme propice à de nouvelles expériences.
D’autres personnes ont été très sportives dans leur enfance/adolescence dans les sports collectifs. Et ce qu’elles aiment avant tout, c’est la pratique collective. J’ai eu plusieurs patientes qui avaient pratiqué de façon intensive le handball ou le volley par exemple : ces activités sont difficiles à maintenir à l’âge adulte, peu de structures existent. En même temps, elles ressentaient un besoin d’activité mais avaient vraiment du mal à se motiver pour une activité individuelle. Pas simple…
J’ai aussi accompagné des personnes qui avaient pratiqué un sport avec passion mais en étaient empêchées et peinaient à trouver goût à autre chose :
une personne adorant l’escalade mais devant malheureusement y renoncer pour cause d’arthrose dans les mains,
une autre qui adore nager mais est allergique au chlore des piscines,
une amatrice de tennis qui a du mal à trouver lieu et partenaire,
des personnes qui pratiquaient la danse, le roller, l’équitation, et en sont (temporairement) empêchées par leur poids.
Certaines personnes n’étaient en revanche pas du tout sportives dans leur jeunesse.
Soit par réaction de rébellion. Je me souviens ainsi d’une patiente qui avait refusé toute pratique sportive parce que son père, prof de gym, voulait l’y forcer. Et elle y est finalement venue plusieurs décennies plus tard et a pratiqué avec intensité.
Soit par culture familiale : vous avez peut-être été élevée dans une famille plutôt intello valorisant l’esprit, ou une famille préférant cocooner que bouger. De mon côté, ma mère avait clairement adopté la devise de Churchill “No sport” et était plutôt attachée au travail scolaire ou à la lecture, mais mon père aimait et pratiquait le sport depuis sa jeunesse, donc ça s’équilibrait !
Soit par souhait de se protéger : si vous avez connu des critiques ou des moqueries parce que vous n’étiez pas très douée dans l’activité physique scolaire ou parce que vous étiez un peu ronde, vous aurez peut-être tendance à fuir ce contexte.
Certaines personnes ne sont plus sportives parce qu’elles ont épuisé leur envie en se mettant trop de pression et de “il faut” dans une pratique en salle de sport ou dans la course, …
Tout cela est complexe. Même si vous avez la volonté d’intégrer une pratique sportive dans votre emploi du temps, sans doute déjà bien occupé, il faut prendre en compte :
Quelle activité : une nouvelle ou une déjà pratiquée avec plaisir il y a plus ou moins longtemps ?
Est-ce que cela peut se faire près de chez vous et/ou de votre travail ? Je ne crois pas trop à la motivation de partir à l’autre bout de la ville en toute saison…
est-ce que les horaires sont compatibles avec votre vie de tous les jours ? Est-ce une priorité de dégager du temps ?
Quel est le budget nécessaire ? Y a-t-il différentes modalités possibles ?
Si c’est un cours, une salle, un coaching, l’ambiance est-elle sympathique ? La prise en compte de votre singularité est-elle prévue ? Le respect de tous les corps garanti ?
C’est d’ailleurs pour mettre de côté une bonne partie de cette complexité que tant de personnes se mettent à la course à pied pour sa flexibilité. Et certaines y prennent goût. Je me souviens d’une patiente qui était partie de zéro côté course et avait progressé peu à peu jusqu’à pouvoir courir longtemps et participer à des courses.
Vous pouvez avoir envie de pratiquer un sport pour améliorer votre forme physique, vous sentir bien, découvrir de nouvelles capacités corporelles, …. Cela peut être intéressant de vous pencher ainsi sur votre histoire de sport. Pratiquiez-vous une activité dans votre enfance ? Par plaisir ou contrainte ? Quels sports avez-vous pratiqué tout au long de votre vie, enfant, ado, adulte ? Ou aucun ? Y en avait-il un qui vous plaisait vraiment en soi ? Auriez-vous envie de vous y remettre ? Ou d’essayer carrément autre chose ? Quels sont vos freins ? Ou avez-vous vraiment envie de passer votre temps libre à autre chose ?
Quelle que soit votre situation, mon idée n’est pas ici de vous enjoindre de vous mettre au sport ! Mais je trouve intéressant de comprendre ce qui peut bloquer. Et je suis persuadée que bouger fait du bien. Et nous est intrinsèquement nécessaire, comme je l’avais écrit il y a longtemps sur mon blog. Ce qui compte, c’est déjà de bouger, pas forcément faire un sport : marcher, aller travailler en vélo, danser chez vous, … Et rappelez-vous toujours que nous sommes toutes différentes : comme en matière d’alimentation, ce qui vaut pour l’une n’est pas forcément opportun pour l’autre : chaque personne a sa vie, ses envies, ses contraintes…
Soyez curieuse, ne vous fixez pas de limite a priori, expérimentez ! Tout est possible, j’ai récemment vu des femmes commencer le surf à 50 ou 60 ans !
Activités
Je suis intervenue cette semaine auprès du personnel de la Banque du Luxembourg (à Luxembourg) dans le cadre d’une Semaine de la Santé organisée par l’entreprise, autour du thème bien manger quand on travaille. J’étais ravie qu’on me propose finalement de me rendre sur place plutôt que faire un webinaire et l’accueil a été fort sympathique, le public attentif et les échanges intéressants.
J’ai animé il y a quelques jours une masterclass en ligne sur le thème de la végétalisation de votre alimentation (manger avec plaisir et sainement tout en réduisant les apports de produits animaux). J’avoue que j’ai été un peu déçue d’avoir un nombre de participantes limité pour un sujet qui me parait vraiment d’actualité. Le replay est toujours disponible. Vous pouvez me contacter si vous êtes intéressée par d’autres thèmes.
J’ai réactivé un peu mon blog pour publier /
La transcription d’un épisode de BCBT le Podcast sur le thème de comment mincir sans régime
La reprise d’un ancien billet de blog sur Luigi Cornaro
Un petit hommage à ma maman
Pépites
J’ai découvert via Adeline Glibota, créatrice de l’excellent podcast Girls in Food (et je ne dis pas ça parce qu’elle m’avait interviewée !), le podcast du magazine Le Chef, A table avec : j’ai en particulier apprécié l’épisode avec Hugo Roellinger (qu’on entend assez peu).
J’aime beaucoup aussi le podcast Le Goût du Monde, de RFI, et dernièrement, j’ai adoré l’épisode avec Farah Keram (je vous recommande d’ailleurs de vous abonner à sa newsletter pleine de sensibilité).
J’ai été très émue par le livre Morts avant la retraite, coordonné par Rachid Laireche, dans lequel 12 journalistes racontent 12 histoires de travailleurs et travailleuses morts avant la retraite, pour montrer des vies cachées derrière les statistiques.
J’ai beaucoup aimé aussi La mémoire de l’eau, le petit livret réalisé par Nageuse parisienne dont je parlais plus haut, récit plein de sensibilité.
Je serais ravie de lire vos commentaires !
Bonjour Ariane,
Merci pour cette newsletter qui a mis au jour certaines zones d'ombre de mon rapport au sport. Déjà, cela m'a fait quelque chose de lire ce "j'adore nager" à plusieurs reprises qui a eu un écho sincère en moi. Mon rapport au sport est devenu assez difficile à appréhender depuis que j'ai souffert de TCA et parce que ma maman, qui en souffre toujours, m'a toujours parue faire du sport à outrance pour éliminer. Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours lu, vu et entendu (dans la société en général) que le sport pouvait être pratiqué pour le plaisir mais aussi "pour rester en forme". C'est une réalité mais de mon point de vue, cela sonne comme une excuse à simplement faire une activité pour le plaisir, un point c'est tout...
Du coup, dès que je bouge je me demande : est-ce vraiment pour le plaisir ? Est-ce que ça me fait vraiment du bien et à quel point de vue ? Ce qui est quand même assez prise de tête mais comme toute personne ayant souffert de TCA, je me méfie souvent de mes intentions cachées !
Et par rapport a la nage en tant que telle, j'ai eu la chance d'être extrêmement privilégiée, car mes grands parents chez qui j'allais en vacances avaient une piscine et que je vivais près de la mer. Arrivée à Paris, je n'ai jamais vraiment réussi à la piscine municipale que je trouvais trop contraignante voire même parfois violente. S'imposer face aux nageurs stressés m'otant tout plaisir...
Bref, j'ai super envie de retourner nager quand même et peut être que mon futur déménagement aidera 🤞
Merci beaucoup Ariane pour ce billet généreux, empreint de douceur et de don de toi. Il fait beaucoup de bien dans un environnement qui multiplie les injonctions et l'hygiénisme.
Il est vrai que c'est parfois compliqué de vivre le plaisir de l'eau quand on n'a pas une taille standard.